Le développement rapide du photovoltaïque soulève une nouvelle problématique : que faire des panneaux en fin de vie ? En France, les premiers panneaux installés dans les années 1990 et 2000 arrivent désormais à maturité. Plutôt que de créer un nouveau problème environnemental, cette échéance peut devenir une opportunité de construire une filière d’économie circulaire robuste et exemplaire.
La France dispose d’un cadre réglementaire avancé, via l’éco-organisme PV Cycle agréé par l’État, qui prend en charge gratuitement la collecte et le recyclage des panneaux usagés. Le taux de valorisation atteint plus de 90 %, notamment grâce à la récupération du verre (75 % d’un panneau), de l’aluminium (cadre), du silicium, et des plastiques encapsulants. Le silicium, une fois purifié, peut être réutilisé pour fabriquer de nouveaux panneaux ou dans l'industrie électronique.
Mais au-delà du recyclage, la seconde vie des panneaux solaires se développe à grande vitesse. Nombre d’entre eux, bien que légèrement dégradés, conservent encore 70 à 90 % de leur puissance initiale. Ces modules peuvent être reconditionnés et revendus à prix réduit pour des applications moins exigeantes : abris de jardin, électrification rurale, kits solaires pour ONG, etc. Cette démarche solidaire contribue à l’accès à l’énergie dans les pays du Sud et prolonge la durée de vie utile des équipements. Elle constitue également un levier de développement économique dans les régions où l’électricité est rare ou coûteuse.
Des start-ups françaises comme Soren ou Rétisol se positionnent sur ce créneau, en créant des circuits de reconditionnement contrôlés et certifiés. Parallèlement, les fabricants intègrent désormais dès la conception des critères de recyclabilité (design pour le démontage, matériaux biosourcés, assemblages sans colle), posant les bases d’une filière solaire circulaire. Des labels environnementaux émergent également pour valoriser ces bonnes pratiques auprès des consommateurs et des collectivités.
À l’avenir, la massification du solaire devra aller de pair avec des solutions industrielles de démantèlement, des filières de revente structurées et des incitations fiscales pour favoriser le réemploi. Il en va de la crédibilité environnementale de cette énergie. Une stratégie nationale pour le recyclage du photovoltaïque, associée à des objectifs chiffrés, est essentielle pour accompagner cette mutation et éviter que le solaire ne devienne une source future de pollution.
