L’agrivoltaïsme désigne l’intégration d’installations photovoltaïques au sein de parcelles agricoles, permettant de produire à la fois de l’électricité et des denrées alimentaires sur un même espace. C’est une réponse innovante au double défi de la souveraineté énergétique et alimentaire, à l’heure où l’artificialisation des sols et la crise climatique menacent ces deux piliers.
Contrairement aux centrales solaires au sol qui excluent toute autre activité sur la parcelle, les dispositifs agrivoltaïques sont conçus pour préserver voire optimiser la production agricole. On distingue plusieurs types de structures : des panneaux fixes en hauteur laissant passer les engins agricoles, des panneaux mobiles qui s’orientent pour suivre la lumière ou réguler l’ombrage, et des panneaux semi-transparents utilisés notamment en serres solaires. Ces systèmes permettent également une meilleure gestion de l’eau et réduisent l’évaporation des sols.
D’un point de vue agricole, certaines cultures comme les salades, les fraises, les épinards ou la vigne bénéficient de cet ombrage partiel, qui limite les stress hydriques et les coups de chaleur. Des études menées en France et à l’étranger montrent que le rendement agricole peut être maintenu, voire amélioré dans certains cas, tout en produisant plusieurs centaines de MWh par hectare et par an. Les panneaux peuvent également servir de protection contre la grêle ou les intempéries, réduisant les pertes de récolte.
Sur le plan réglementaire, la loi APER (Accélération des Énergies Renouvelables) adoptée en 2023 impose un cadre strict à ces installations : elles doivent prouver leur utilité pour la culture, maintenir une activité agricole pérenne et garantir une intégration paysagère harmonieuse. Le respect de ces critères conditionne l’éligibilité aux aides et à la valorisation de l’électricité produite.
L’agrivoltaïsme représente ainsi un levier stratégique pour décarboner le secteur agricole, diversifier les revenus des exploitants et optimiser l’usage du foncier, à condition qu’il soit déployé dans une logique de co-bénéfices, et non de substitution de l’activité agricole. Les projets doivent impliquer les agriculteurs dès la conception pour garantir leur viabilité économique et leur acceptabilité sociale. En combinant technologie, écologie et production locale, l’agrivoltaïsme s’inscrit pleinement dans les enjeux de développement durable.